Les services de soutien à domicile pour aînés et leur importance
Le vieillissement de la population au Québec met en lumière l’importance d’un soutien à domicile efficace pour les aînés. Malgré les engagements du gouvernement en faveur du maintien à domicile, les réalités sur le terrain démontrent un retard dans la mise en place de mesures concrètes. Un écart entre les attentes et la réalité se fait de plus en plus ressentir. La Coalition pour la dignité des aînés (Coalition Dignité Aînés) exprime sa déception face au budget 2025-2026, qui n’apporte pas de solutions suffisantes pour répondre aux besoins croissants des personnes âgées.
Une demande accrue, une offre insuffisante
Les aînés préfèrent majoritairement demeurer à domicile le plus longtemps possible ou profiter des services de soutien en résidence privée pour aînés, afin de réduire l’impact financier d’utiliser les services de soins offerts par leur RPA. Cette volonté se heurte à une offre limitée de services d’aide à domicile, tels que les soins infirmiers, l’aide aux tâches quotidiennes et l’accompagnement médical. Le manque de personnel qualifié et de financement freine l’expansion de ces services essentiels.
Réussir le virage vers le soutien à domicile au Québec : un modèle inspiré des pays nordiques
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a publié une étude approfondie intitulée « Réussir le virage vers le soutien à domicile au Québec » . Cette analyse met en lumière les lacunes du système actuel de soutien à domicile (SAD) au Québec et propose des solutions inspirées des modèles scandinaves pour améliorer l’accessibilité, l’efficacité et la qualité des services.
Un système québécois fragmenté et sous-financé
D’abord, malgré des engagements politiques récurrents depuis les années 1970, le Québec peine à concrétiser un virage vers le SAD. Ainsi, en 2023, seulement 10 % des besoins en SAD étaient couverts par le système public, selon l’étude de l’IRIS, obligeant de nombreuses personnes en perte d’autonomie à se tourner vers des services privés payants. Cette situation résulte d’un sous-financement chronique et d’une gestion centralisée qui limite l’efficacité des services.
Les modèles scandinaves : une source d’inspiration
Les pays nordiques, tels que la Norvège, la Suède et le Danemark, ont réussi à mettre en place des systèmes de SAD efficaces en investissant massivement dans les soins de première ligne et en favorisant la prévention. Ces pays consacrent une part importante de leur PIB aux services de santé, ce qui leur permet d’offrir des soins de qualité tout en maîtrisant les coûts globaux.
Propositions pour un modèle québécois efficace
L’IRIS dans son étude propose un modèle de SAD pour le Québec basé sur trois axes principaux :
- Financement accru : Augmenter significativement les investissements publics dans le SAD pour atteindre des niveaux comparables à ceux des pays nordiques.
- Prestation publique des services : Confier la prestation des services de SAD aux Centres locaux de services communautaires (CLSC) pour garantir une couverture universelle et équitable.
- Gestion décentralisée et démocratique : Mettre en place environ 400 pôles sociaux locaux pour assurer une gestion adaptée aux réalités de chaque communauté.
Des économies substantielles à long terme
Investir dans le SAD pourrait générer des économies importantes pour le système de santé québécois. Par exemple, réduire de 10 % les visites aux urgences des aînés, grâce à un SAD efficace, représenterait des économies de 100 millions de dollars par an. De plus, en évitant la construction de nouvelles places en CHSLD, le Québec pourrait économiser jusqu’à 20 milliards de dollars d’ici 2050.
Un virage nécessaire et réalisable
Le Québec dispose des ressources et des modèles nécessaires pour réussir un virage vers le soutien à domicile. En s’inspirant des pays nordiques et en mettant en œuvre les recommandations de l’IRIS, la province pourrait offrir des services de SAD accessibles, efficaces et humains, tout en assurant la viabilité financière de son système de santé.
Des initiatives locales porteuses d’espoir
Certaines municipalités et organismes communautaires tentent de pallier ces déficiences en mettant en place des services de proximité pour les aînés. Par exemple, le programme d’aide aux aînés de la Ville de Montréal (Montréal Aînés), propose un accompagnement personnalisé pour aider les aînés à accéder aux services de soutien.
De plus, certains organismes commeLes Petits Frères travaillent à briser l’isolement social en offrant des visites et un accompagnement aux aînés vivant seuls. Néanmoins, ces initiatives bien que prometteuses, restent limitées face à l’ampleur des besoins.
Quels changements espérer ?
Pour améliorer la situation, plusieurs experts recommandent une augmentation significative du financement des soins à domicile et une revalorisation des emplois dans le secteur. En effet, la mise en place d’un cadre législatif plus solide pourrait aussi assurer un accès équitable à ces services, peu importe la région de résidence.
La population et les acteurs du milieu espèrent que les prochaines annonces gouvernementales tiendront compte de ces réalités. En attendant, les familles et les aînés continuent de naviguer dans un système encore trop souvent défaillant.
Pour consulter l’étude complète de l’IRIS :Réussir le virage vers le soutien à domicile au Québec.